Samedi 1er juin, c'est un grand jour pour Périples en Numérique. Chacha, Lulu et Francis s'apprêtent à découvrir l'un des sites les plus beaux et mystérieux de la planète. L'une des sept merveilles du monde : la cité inca de Machu Picchu ! Un lieu sacré et longtemps perdu dans les montagnes au nord de Cuzco (le petit point rouge au nord-ouest de Cuzcu sur la carte ci-dessous). Il s'agit du site archéologique le plus célèbre du monde !
Pour bien comprendre, le Machu Picchu ne désigne pas le nom de la citadelle, mais bien celui de la montagne sur laquelle elle a été construite. En langue Quechua, Machu Picchu signifie « Vieille montagne » et il faut prononcer « Matchou Pik-tchou ».
Le site est longtemps resté dans l'oubli. Exception faite de quelques habitants quechuas du territoire, personne ne connaissait l'existence d'une telle merveille dans les montagnes péruviennes. C'est en 1911 qu'un jeune garçon de la région emmène un explorateur américain sur place. Le chercheur nommé Hiram Bingham s'attribue la découverte, mais lors de notre visite sur place, un guide fait bien de nous rappeler que c'est effectivement ce jeune garçon originaire du pays qui est à l'origine de la trouvaille.
Aujourd'hui, on ne connaît toujours pas la fonction exacte du site. Dernière construction de l'empire inca pour affirmer son pouvoir ou retraite royale abandonnée suite à la conquête espagnole ? Les chercheurs se disputent encore sur le sujet. Pour nous, c'est une incroyable aventure qui s'annonce. Pour accéder à cet endroit magique, prisé par des milliers de touristes en quête d'aventures, cela se mérite.
Comme le dit notre guide papier, la Vallée Sacrée du Rio Urubamba se situe à environ 15km au nord de Cuzco à vol de condor. Une mâtinée entière de bus nous attend. Par la fenêtre, les montagnes défilent. Pisac, Urubamba, Ollantaytambo... des villages andins colorés parsèment la route. Certains abritent d'anciennes forteresses incas. D'autres de jolis marchés. Tous se situent entre 2 700 et 2 800 mètres d'altitude.
Autant vous dire que la route est impressionnante : nous voilà entourés de pics rocheux imposants. Un conseil : ne pas trop regarder au fond de la vallée. Le fleuve est à plusieurs centaines de mètres en contre-bas. Les ponts de bois que nous traversons craquent à notre passage. Des cascades rigolent de l'autre côté. Voici un petit diaporama de notre voyage au départ de Cuzco en cliquant sur la flèche à droite sur la montagne :
Le moteur rugit de plus en plus. Nous gagnons rapidement en hauteur durant la dernière heure de route. Le col d'Abra Halaca est en vue à près de 4 600m d'altitude. La neige est là. Le brouillard aussi comme l'indiquent les différents panneaux « Zona de neblina ».
Surprise : ici, des enfants font du stop. Certains sont même en train de reboucher les trous dans le bitume à grands coups de pelles. Ils n'ont même pas 15 ans. Le brouillard s'épaissit. Au sommet, le froid est saisissant.
Ensuite, la descente est vertigineuse, les cols serrés, la vue splendide.
Arrivés à la station hydro-électrique, point final de notre mâtinée, il faut descendre du colectivo et reprendre notre sac sur le dos.
C'est parti pour une après-midi de marche sur les rails d'un train d'altitude encore en activité (réservé aux riches touristes qui ont la possibilité de s'acheter un billet hors de prix).
Pour nous, ce sera à la force des mollets. Et au mental... car la promenade n'est pas de tout repos. Surtout pour Lucas qui a attrapé un sérieux mal de ventre. Près de 13 kilos de bagages sur le dos, et près d'une quinzaine de kilomètres à engloutir à pied.
L'horizon est barré par les montagnes andines, les alentours regorgent de forêts et d'oiseaux de toutes sortes. Régulièrement, il faut retraverser les rails de droite à gauche et de gauche à droite pour ne pas finir dans le ravin. Toujours faire attention à bien regarder de chaque côté, ce serait dommage de se prendre le train dans la figure. Des ruisseaux nous barrent la route de temps en temps : nous devons alors jouer à l'équilibriste sur les planches de bois soutenant les rails.
La fin de journée est difficile. Le poids du sac se fait sentir et le ventre de Lucas tord dans tous les sens, à lui faire tourner la tête. Mais il faut continuer à avancer. Le village d'Aguas Calientes, étape-refuge avant d'entamer la montée du Machu Picchu, n'est plus très loin. Il s'agit d'une petite cité de 1 000 habitants, s'enroulant autour d'une profonde gorge et encerclée par deux rivières de montagnes. Voici le diaporama de notre journée de marche le long de la voie ferrée, entourés de lianes, de fougères, de pics tombant dans les rivières, de longues chenilles et de wagons bleus (cliquez sur la flèche de droite à côté du poteau électrique) :
Nous arrivons (enfin) à la tombée du jour, exténués. Lucas ne demande aucune permission et file dans un café pour soulager ventre et intestins en urgence. La sueur au front, il rejoint sa chambre d'hôtel avec difficulté au bout d'une heure d'attente sur la place centrale de ce village accueillant des centaines de touristes, tous venus pour la même chose. Charlotte a rendez-vous avec un guide en début de soirée. Lucas ne peut rien avaler et surtout ne peut plus bouger de son lit. La turista ne le quittera pas de la nuit. Ce sera encore le cas toute la journée du lendemain.
Les chambres sont en carton. Vers 2h du matin, une inondation secoue l'auberge de jeunesse. Cris et bruits de balais nous empêchent de fermer l’œil. A 4h du matin, il faut se remettre debout et enfiler notre lourd sac à dos. Le village est encore plongé dans le noir. Sensation terrible : la fatigue paraît insurmontable. Lucas a toujours le ventre en vrac, le front plein de sueur. Et pourtant, l'ascension n'a pas commencé.
A la lumière de notre téléphone portable, nous nous frayons un chemin dans la montagne. D'autres laser de lampes torches sont visibles devant nous. Certains commencent à grimper, tels des lucioles perdues dans les hauteurs.
Un groupe de policiers nous fait signe de nous arrêter sur le bas-côté. L'accès à la montagne Machu Picchu est ultra-contrôlée. Les places sont limitées et les touristes doivent se plier à une réglementation stricte : pas plus de trois heures en haut de la montagne !
D'ailleurs, l'UNESCO a failli placer le site sur sa liste des monuments en danger. L'endroit est aujourd'hui menacé par les conséquences du tourisme de masse. Il faut dire que le Machu Picchu attire entre 4 et 6 000 visiteurs par jour. C'est énorme ! Même en pleine nuit, les voyageurs sont déjà là, à rêver d'un lever de soleil au sommet de la montagne.
Vers 6h du matin, nous réussissons enfin à passer la rivière, frontière naturelle avec le site sacré. L'ascension peut débuter.
Près de 3 000 marches de pierre nous attendent jusqu'au sommet. Des marches de 20 à 50 centimètres de hauteur serpentent dans la roche. Chaque pas supplémentaire est une épreuve : la montée nous scie les jambes et nous devons nous arrêter à chaque pallier pour reprendre notre souffle. Le soleil n'est pas encore levé que la sueur nous trempe le t-shirt et le pantalon. Le sac à dos pèse de plus en plus lourd. Les maux de ventre de Lucas n'arrangent rien. Décidément, le Machu Picchu se mérite.
Vers 7h du matin, nous voyons enfin le bout. L'entrée est bouchée par les touristes, la plupart venus en navette (payée une petite fortune pour grimper sans effort). Nous changeons nos habits mouillés et nous retrouvons notre guide péruvien. Les tickets sont déchirés par le garde à l'entrée : nous voilà sur les terres de la cité perdue inca. Dans un instant, après quelques marches supplémentaires, c'est une récompense inestimable : le site du Machu Picchu dans la lumière des premiers rayons de soleil, entourée de pics rocheux majestueux.
Le gros des touristes n'est pas encore là (il est bien trop tôt pour la plupart des étrangers) et la citadelle s'offre à nous dans le silence. Voici une vidéo tournée à notre arrivée tout en haut de la montagne. On vous y donne quelques explications :
Sur notre droite s'étendent les terrasses agricoles. A chaque pallier correspond une température spécifique. Le système est idéal pour faire pousser des cultures différentes.
Grâce à notre guide, nous apprenons beaucoup de choses sur la découverte du site, mais aussi la fonction des différentes constructions. On aperçoit le Temple du Soleil, celui des Trois Fenêtres, la Place sacrée et les maisons d'habitation.
« Certains murs, explique notre guide, sont construits un peu en biais. Vous pouvez l'apercevoir autour de cette porte. Les murs sont inclinés vers l'intérieur. C'est un système très ingénieux qui permet d'éviter tout écroulement pendant les séismes ». Il est certain que dans cette région montagneuse, ils doivent être nombreux. Voilà un diaporama de notre fabuleuse découverte du Machu Picchu (toujours avec la flèche de droite sur la montagne) :
Après une mâtinée de visite, il faut déjà penser à la redescente. Et oui, tout est à refaire en sens inverse... Les 3 000 marches jusqu'à Aguas Calientes et la douzaine de kilomètres sur les rails jusqu'au barrage hydro-électrique. Sur le chemin du retour, le soleil tape fort. Lucas n'y arrive plus et doit même laisser son gros sac à dos à Charlotte. Elle le portera jusqu'au bout du chemin.
De retour à Hydro-Electrica, nous pouvons enfin poser le sac à terre et nous allonger un peu. Nous n'en pouvons plus. Lucas a une tête de fou. Charlotte garde son grand sourire.
Deux heures plus tard, nous remontons dans un petit bus. Il faut refaire tout le chemin à l'envers jusqu'à Cuzco. Un chemin toujours aussi grandiose !
Dans les montagnes, nous sommes cette fois du côté du ravin. A notre droite, le vide. Quand deux camionnettes se croisent, un frisson parcourt chaque voyageur. La terre semble friable et la pente, vertigineuse. Voici une courte vidéo de ce qu'on pouvait apercevoir par la fenêtre. Pour ceux qui ont le vertige, ne vous sentez pas obligés de cliquer sur play :
La nuit tombe et nous avons encore une centaine de kilomètres à parcourir. Les pentes se font plus douces et certains passagers commencent à piquer du nez.
Pendant une pause, le chauffeur décide de nettoyer son véhicule. Apparemment, l'homme n'est pas pressé de rentrer. Il laisse ses clés à un père et son jeune fils. Les deux sont chargés de laver la carcasse à grands coups de balais et de seaux d'eau. Le petit n'a même pas dix ans et il travaille sous les ordres de son père en plein milieu de la nuit...
Nous arrivons finalement à bon port : Cuzco. Le sommeil nous guette sérieusement. Le ventre de Lucas s'est calmé. Une petite nuit nous attend. Il faut reprendre un nouveau bus tôt le lendemain matin. Retour à la case départ : Puno. Là où nous attend notre Combistador.
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