Après un week-end de fêtes et de couleurs à Sucre, nous reprenons le chemin dans les montagnes. D'abord la Ruta 6 vers l'ouest, jusqu'à la grande ville d'Oruro, avant de repiquer vers le nord via la Ruta 1, direction La Paz !
Nous entamons le voyage le dimanche 26 mai au matin. Près de 350 kms sont à parcourir. Sur notre carte, nous avons deux routes indiquées, mais les deux nous font faire un sacré détour. Il paraît qu'une nouvelle route vient d'être inaugurée entre Sucre et Oruro, mais apparemment, certains tronçons ne sont pas terminés. C'est simple : sur notre GPS, la nouvelle route n'existe pas. Mince, pourtant, ce serait un sacré raccourci. Tant pis, nous tentons notre chance et nous voilà partis sur un chemin invisible et magnifique.
Ici, les champs de quinoa, de blé et de maïs se comptent par centaines. Les récoltes sont amassées en petits dômes. En France, nous avons des grosses bottes de foins carrées ou rondes. En Bolivie, ce sont des pyramides dorées.
A 4 000m d'altitude, des enfants marchent sur la route. Des frères et sœurs ou des copains qui se tiennent par la main. Ils n'ont même pas dix ans.
De leurs côtés, les paysans poussent leurs bêtes avec un bâton. Des cochons, des moutons, des chèvres, des chevaux, des vaches, des taureaux. Souvent, des troupeaux entiers traversent la route et Combistador s'arrête pour les laisser passer.
Un bus plein à craquer (un "colectivo" comme on l'appelle ici), fait une pause sur le bas-côté. Une femme monte dans le car, sa chèvre dans les bras. Décidément, il y a beaucoup de monde dans ce bus. D'autres descendent pour retrouver leurs maisons de terre et de paille.
Même si on ne l'aperçoit pas sur la photo ci-dessous, une petite fille attend, seule, au bord du précipice, à la sortie du grand pont de Ravelo. On ne saura jamais ce qu'elle faisait là, le regard dans le vide.
Les villes se font rares. Comme si elles voulaient se cacher au fond de la vallée.
Les noms de communes traversées nous font voyager encore plus : "Pocohata", "Chuquihuta", "Cala Cala" ou encore "Llallagua". Certains nous font même rigoler : "Sauce Mayu". On espérait également croiser la route du petit village de Ketchup ;)
La route est belle mais elle est aussi difficile. Les cols sont nombreux, les pentes parfois très fortes. Combistador semble tousser un peu. Un petit bruit bizarre devient récurrent. Le pneu qui couine ? Le moteur qui grince ? On n'a jamais eu la réponse.
La route est également dangereuse. Un éboulement s'est produit il y a peu de temps. Nous devons contourner les cailloux sur la chaussée. Plus loin, un autre éboulement, beaucoup plus impressionnant bloque le chemin.
Une déviation a été mise en place au bord du vide. Il faut contourner la montagne sur son flanc gauche. On voit bien que la piste a été construite à la va-vite. Combistador avance doucement. Le précipice est juste à côté. Ouf... nous retrouvons la bonne route sans encombre.
D'autres n'ont pas eu cette chance. Nous apercevons deux voitures au fond du ravin quelques kilomètres plus loin. Les carcasses sont là depuis un petit moment. Histoire de nous rappeler qu'il faut être vigilant à chaque instant. Il faut savoir qu'en Bolivie, les accidents de voiture et de bus sont fréquents. Les routes boliviennes font partie des plus dangereuses au monde. Heureusement, Pilote Charlotte est toujours très concentrée au volant !
Soudain, une jolie lagune bleue nous redonne un peu de courage pour poursuivre le voyage du jour. Des champs, couleurs d'or, et des terrains délimités par des files de pneus.
Peu après, un village minier à flanc de colline.
Dans la ville de Llallagua, enfoncée dans la vallée, on découvre avec surprise plusieurs stades de foot. Le plus grand a l'air tout neuf, touche de modernité au milieu des montagnes.
Sur le haut-plateau d'Oruro, le soleil se couche et le vent se lève. La poussière aussi. Le froid débarque à nouveau.
L'entrée de la ville est un calvaire : des bouchons interminables nous font perdre une heure supplémentaire.
Sur les côtés, des marchés désordonnés et une mini fête foraine. Franchement, nous n'avions jamais vu une "grande roue" de ce type. Elle est incroyable : les enfants se retrouvent dans des grosses cages à oiseaux. Quand la structure grinçante ne tourne plus, une dame doit grimper pour la relancer à coups de pieds et de mains !
Après avoir fait le plein de bananes et de sommeil dans la grande cité d'Oruro, nous reprenons le chemin de La Paz le lundi 27 mai au matin. Une nouvelle grande journée de route nous attend. Plus de 230 km avant d'arriver dans la capitale la plus haute du monde : à près de 3 700m d'altitude !
Avant d'arriver dans le centre de la capitale administrative, on profite du paysage. Au loin se dessine déjà la sentinelle de La Paz : le mont Illimani (ou Nevado Illimani, "nevado" signifiant "enneigé"). C'est l'un des sommets les plus hauts de Bolivie. Celui-ci mesure 6 462m de haut. Situé dans la Cordillère Orientale des Andes, il est couvert de neige tout au long de l'année. C'est ce qu'on appelle de la neige éternelle !
Une nouvelle fois, à l'approche de la capitale, le vent se renforce et soulève dans son sillage une pluie de poussière grise. A l'horizon, la pollution de l'air est évidente.
Les faubourgs de la ville sont immenses. Une grande ligne droite nous emmène dans les entrailles de La Paz. Les marchés s'étirent sur des kilomètres le long de la chaussée. Un spectacle de vie et de couleurs défile sous nos yeux.
Des femmes fatiguées portent leur bébé endormi dans leur fameux tissu coloré (l'aguayo). Dans le bruit des marchandages et l'air crasseux du bord de route.
Enfin, nous arrivons dans le centre-ville et nous apercevons des cabines qui volent dans les airs, au-dessus des immeubles et des carrefours. Nous voilà arrivés sur une piste de ski ? Non, nous sommes bien à La Paz, capitale bolivienne, connue pour ses œufs ou télécabines faisant office de métro aérien. Nous avons hâte de monter dedans. Il paraît que la vue est magnifique.
Dans toute la ville, des poteaux géants ont été installés pour soutenir les kilomètres de lignes. Vu d'en bas, c'est déjà super impressionnant !
Nous pouvons même apercevoir l'ombre des cabines sur les murs des maisons, comme sur la photo ci-dessous :
Certaines stations sont beaucoup plus modernes que d'autres. Il faut dire que le réseau ne cesse de s'agrandir avec de nouvelles lignes.
Nous ne tenons plus et nous décidons de prendre notre ticket de métro (ou plutôt de télécabine). C'est peut-être la meilleure façon de visiter La Paz : par le ciel ! Il s'agit du réseau de téléphérique le plus long, le plus fréquenté et le plus haut du monde !
Nous décidons ainsi de prendre la ligne violette pour rejoindre directement le cœur de ville. Celui-ci est à plusieurs kilomètres, mais nous pouvons le rejoindre en quelques instants. En voiture, le même chemin nous prendrait cinq fois plus de temps. Et le prix du ticket n'est pas beaucoup plus cher qu'un ticket de bus. C'est donc abordable pour la plupart des travailleurs boliviens.
Attention, voilà de la haute voltige, gare au vertige ! On vous emmène dans les airs en vidéo. Suivez-nous !
Une particularité de La Paz, ce sont ces centaines de bus colorés qui parcourent la capitale, sans aucune inquiétude quand il faut grimper une pente très prononcée (il faut dire qu'il n'y a que ça car La Paz s'est construite dans une sorte de cuvette immense au fond de la vallée). Nous ne risquons pas le diable à nous aventurer en combi dans les entrailles de la ville. Les grands bus colorés, eux, ne se posent jamais la question et filent à toute allure (quand ils ne se retrouvent pas coincés dans les énormes bouchons quotidiens).
Avec ses 2,3 millions d'habitants, La Paz est une véritable fourmilière. Certains la voient comme une capitale oppressante, stressante. Nous avons finalement été agréablement surpris car la ville possède un centre historique relativement calme et recèle de nombreux trésors architecturaux.
A l'image de la Plaza Murillo (du nom de Pedro Domingo Murillo, leader de la révolte du 16 juillet 1809 contre la couronne espagnole) : il s'agit de la place principale de La Paz avec sa cathédrale, son palais présidentiel et son Parlement. Ici, c'est un point de rendez-vous incontournable pour tous les Paceños (les "Pacéniens", habitants de La Paz). On y donne à manger aux pigeons, on y joue de la musique, on y flâne en mangeant une glace ou en sirotant un jus de fruits (le jus ne se boit généralement pas dans une bouteille ou dans un verre mais dans un petit sachet de plastique transparent avec une paille).
Sur la photo ci-dessus, Charlotte profite de la beauté du lieu à côté d'une "cholita" en habits traditionnels. On vous laisse deviner qui est qui ;)
Sur les marches de la cathédrale, certains profitent du soleil, d'autres gardent les lieux dans leur uniforme rouge. D'autres, enfin, sont contraints à faire la manche.
Pour se faire un peu d'argent, certains sont obligés de cirer les chaussures. Certains habitants fortunés, en costume et lunettes de soleil, n'hésitent pas à faire la demande.
Des habitants transportent leurs marchandises directement sur le dos. Le paquet géant est attaché à la poitrine par des cordes et des sangles.
Parfois, les enfants sont mis à contribution pour nettoyer et transporter des seaux d'eau.
Les magasins de souvenirs sont partout. Charlotte et moi en profitons pour dénicher de beaux tissus et des pulls en alpaga super chauds ! Pour cela, mieux vaut se rendre au marché des sorcières ("las brujas"), connu pour ses marchandises en tout genre, parfois un peu mystérieuses...
D'autres marchandes n'ont pas de magasin en tant que tel : tout est installé sur le trottoir (avec masques, bonnets et gants typiques de Bolivie).
Le soir venu, des centaines de personnes se rassemblent sur la Plaza Mayor (l'autre grande place de La Paz) pour assister à un spectacle de clown ! Dans la foule, Lucas avec sa barbe et ses 1,90m ne passe pas inaperçu. Le clown se retourne et se moque clairement de nous et en profite pour poser devant l'appareil photo : rires garantis dans le public !
Après un dîner dans un fast-food local spécialisé dans le poulet (avec une soupe aux nouilles délicieuse en entrée), nous reprenons le téléphérique en sens inverse pour atteindre les hauteurs de la capitale. Et là encore, le spectacle est au rendez-vous. La nuit est noire et les lumières s'éparpillent du centre-ville aux collines alentours. Les Boliviens rentrent du travail ou de la fac. Et nous, nous profitons de la vue.
Pour terminer cette visite de La Paz, on vous propose un diaporama. Cliquez sur la flèche noire à droite de la "cholita" au pull rose et faites défiler les 66 photos !
Prochaine étape de notre voyage : Copacabana ! Non, pas la plage de Rio de Janeiro au Brésil, mais bien la petite ville sur les rives du célèbre lac Titicaca. Ce sera notre dernière étape en Bolivie ! Adios La Paz !
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