Mercredi 22 mai, en fin de journée, nous débarquons enfin à Potosí. Située dans le quart sud-ouest bolivien et perchée à plus de 4 000m d'altitude, c'est l'une des villes les plus hautes du monde. Potosí compte près de 170 000 habitants. Son nom vient de la langue quechua "Potojsi" signifiant "tonnerre".
Avec Combistador, nous arrivons par l'entrée sud de la ville, via la Ruta 1 (celle qui relie Potosí à Tupiza). Sur notre gauche, une montagne domine la cité du haut de ses 4 800m : il s'agit du Cerro Rico ("la colline riche" en français). Cette montagne jadis remplie de minerai d'argent est le symbole de Potosí !
Au 16ème siècle, les conquistadors espagnols s'emparent du site et démarrent aussitôt l'exploitation sur le dos des populations locales. Objectif : remplir les caisses de l'Empire en profitant du plus grand gisement d'argent de tous les temps. Potosí devient ainsi l'une des villes les plus riches du monde. D'ailleurs, l'expression "vale un Potosi" (utilisée notamment par le personnage de Don Quichotte de Cervantes) signifie qu'une chose possède une valeur inestimable.
Aujourd'hui, il n'y a quasiment plus d'argent dans les mines du Cerro Rico, mais ils sont encore nombreux à travailler au fond du trou (dans des conditions déplorables) pour en retirer un autre métal : l'étain. Dangereux pour les mineurs, mais aussi dangereux pour le reste de la population, car la montagne menace de s'effondrer. Conséquence : Potosí est inscrite au "Patrimoine mondial en péril" depuis 2014.
Pourtant, les mines sont toujours en activité (comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous). Il est même possible de les visiter. Au programme des agences touristiques : une descente dans les galeries pour se rendre compte des terribles conditions de travail de ces mineurs boliviens. Les guides et les articles sur Internet préviennent que la visite peut s'avérer dangereuse (à cause des éboulements notamment). "A nos risques et périls", peut-on lire. Parfois, les touristes sont amenés à ramper dans des petites galeries après avoir acheté des cadeaux en guise d'offrande aux travailleurs. Il est d'ailleurs possible de rencontrer et de parler à des mineurs, toujours d'après les agences. Avec Charlotte, nous en discutons et nous tombons rapidement d'accord : nous n'irons pas. Enfiler un casque et une combinaison pour voir des mineurs travailler dans la souffrance, ce n'est clairement pas nécessaire. C'est même malsain. Nous ne cautionnons pas ce tourisme de la misère.
En s'enfonçant un peu plus dans le centre-ville, le décor n'est plus du tout le même. Dans le cœur de la cité, on découvre de superbes maisons coloniales aux balcons de bois, des places aux fontaines d'argent et des couvents colorés. En voici un diaporama, en cliquant sur la flèche à droite du petit garçon à capuche :
Les églises de la ville retiennent aussi l'attention, notamment celle de San Lorenzo avec sa façade au croisement de deux cultures : indigène et catholique. Ici, Jésus côtoie les figures du Dieu Soleil et de la Lune. Ce mélange est splendide.
En grimpant sur les toits de la ville, la vue est imprenable ! Notre ami Pedro (un Argentin rencontré dans le Salar d'Uyuni quelques jours plus tôt) nous a d'ailleurs envoyé une vidéo pour profiter du panorama. Merci Pedro !
Dans les rues, il y a comme dans toutes les villes boliviennes, de nombreux marchands : des vendeurs de ballons roses, de papier-toilette, de citrons, d'herbes, de fleurs et même de gros gâteaux à la crème.
Parmi les commerçants, on aperçoit également au coin d'une rue un petit garçon qui vend du pop-corn. Il n'a même pas une dizaine d'années et il travaille encore à la nuit tombée.
Certains habitants en costume ne se privent pas pour se faire lustrer les semelles. En Bolivie, les cireurs de chaussures ont encore du travail.
Un monument à visiter : la Casa de la Moneda, autrement dit "la Maison de la Monnaie". Le bâtiment a été construit en 1542 par les Espagnols pour frapper les pièces d'argent. Aujourd'hui, c'est un musée témoin des atrocités commises par les colons envers les populations locales mais aussi envers les esclaves venus d'Afrique (tant pour exploiter la mine que pour fondre et frapper les métaux). Au début de la guerre d'Indépendance, un grand masque au sourire narquois a été placé dans la cour principale pour cacher le blason royal (symbole de l'Empire espagnol). Vous l'apercevez sur les photos ci-dessous (Charlotte vous fait également coucou depuis le balcon de bois).
Avant de reprendre la route, on ne pouvait pas s'en empêcher : goûter (une nouvelle fois) un peu à la gastronomie locale. Ce sera des petits plaisirs sur le pouce : un gros beignet frit dans l'huile et un burger jamón-queso à moins de 2 euros !
Le lendemain, le 23 mai, nous reprenons la route. Pas facile de manœuvrer dans les rues pentues. On se retrouve même coincés dans une montée beaucoup trop forte pour Combistador. Derrière nous, trop tard : il y a des dizaines de voitures qui klaxonnent. On ne peut pas prendre le risque de redémarrer car le pare-choc de celui de derrière est beaucoup trop près. Nous demandons de l'aide au policier qui passe par hasard en moto. Il fait reculer tout le monde à grands coups de sifflets et de moulinets du bras. Victoire ! Nous redémarrons sans encombre mais avec de nombreux regards noirs derrière nous. Peu importe, nous voilà de retour sur les chemins boliviens !
En quittant la ville, nous apercevons des ouvriers et des ouvrières en train de refaire un trottoir. Les chantiers sont partout, mais la vue sur Potosí est toujours aussi belle mais le vent se lève. Avec lui, des brouillards de poussière. Une tempête de sable fouette le visage des étudiants sur le bord de la route. Très vite nous retrouvons le calme et les jolies montagnes de la campagne bolivienne.
Sur le bord de la Ruta 5, nous apercevons parfois des tags de peinture sur les cailloux. Il est écrit "Evo Si" : les partisans du président Evo Morales sont en pleine campagne électorale et le font savoir dans tout le pays. Le chef de l'Etat bolivien espère être réélu une cinquième fois au mois d'octobre 2019.
Plus de 150 kms plus tard, nous arrivons dans les faubourgs de la capitale historique de Bolivie : Sucre ! Deux jeunes étudiantes dansent devant un arrêt de bus.
Sucre est la capitale historique mais aussi constitutionnelle de la Bolivie. C'est là où se situe notamment la Cour Suprême. Quant à La Paz, il s'agit de la capitale politique, administrative et économique du pays (ce sera d'ailleurs notre prochaine destination).
Nous arrivons donc à Sucre le jeudi 23 mai au soir et nous y resterons plusieurs jours car nous voulons assister à la grande fête qui se prépare : le 25 mai, c'est l'anniversaire de la ville ! De nombreux évènements sont prévus (marchés, fanfares, danses, concerts etc). Nous avons bien l'intention d'en profiter un maximum ! D'autant que la ville est peut-être la plus jolie de Bolivie. Certains disent qu'il s'agit de la plus belle du continent !
Avant de vous faire découvrir cette capitale de (seulement) 300 000 habitants, nous voulions vous donner quelques informations importantes sur ce pays magnifique et singulier : la Bolivie. Quoi de mieux qu'une petite vidéo de présentation sur la fameuse place 25 de Mayo de Sucre ?
Place maintenant à la fête avec cette promenade musicale, toujours en vidéo, du centre historique de Sucre à l'heure des défilés et des fanfares, comme si vous y étiez :
Sans oublier la cumbia ! Cette célèbre musique née en Colombie avant de conquérir le Pérou, la Bolivie et l'Argentine ! On a eu la chance d'assister à un concert en plein air. En voici un petit extrait :
Vous l'entendez, les oreilles sont largement sollicitées dans ce brouhaha de musiques, de cris, d'appels de commerçants et de pots d'échappements. Mais les autres sens se régalent eux aussi avec le bon goût des petites brochettes de fromage vendues dans la rue ou encore les fruits de mer au restaurant. Sans oublier le regard qui ne sait plus où se poser tellement il y a de choses à voir. A chaque coin de rue, un nouveau spectacle.
Sucre est une ville aux mille couleurs : sur les églises, les façades, les tours et les balcons. Dans les marchés et les assiettes. Sur les bus, les taxis et les deux-roues. Enfin, sur les tissus, les robes et les chapeaux. Sucre, bonheur des yeux.
Avant de reprendre la route du Nord, cliquez sur la flèche noire située sur le bras de la vendeuse de tissus à droite pour regarder le diaporama géant de ce week-end de fête dans l'une des plus belles villes d'Amérique du Sud :
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